Le bilan d'Emmanuel Macron

Economie

Depuis plusieurs mois, déjà, les émissaires d’Emmanuel Macron le répètent : les impôts auraient baissé, la croissance serait plus importante que prévue à l’issue de la crise sanitaire, le chômage connaîtrait une baisse inédite… Bref, le bilan d’Emmanuel Macron serait une réussite sur le plan économique. Fantasme ou réalité ?

S’il faut un peu de temps pour démêler le vrai du faux, l’analyse sérieuse des donnés économique est en réalité sans appel : 700 milliards d’euros de dette publique supplémentaire avec Emmanuel Macron (ce que la crise sanitaire ne justifie pas, les autres pays d’Europe étant très loin d’une telle augmentation) ; une dette insoutenable pour les générations à venir ; un déficit commercial abyssal de 82 milliards d’euros ; un Grand plan de formations qui a sorti 1 million de personnes des statistiques du chômage ; une inflation impressionnante dès avant la guerre en Ukraine…

Non, la situation de la France n’est pas meilleure : elle n’a fait qu’empirer depuis 2017 et aucune réforme structurelle n’a été conduite.

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Non seulement la situation de la France n’a pas progressé, mais elle est même, en ce printemps 2022, encore plus inquiétante qu’il y a 5 ans.

Le poids de la dette qui pèsera sur nos enfants et nos petits-enfants s’annonçait déjà très préoccupant (nous empruntons 1 milliard d’euros par jour pour financer la dette), il est désormais insoutenable, au point que le gouverneur de la Banque de France, le 19 janvier 2021 sur France Info, a lancé l’alerte sur la dangerosité de la situation actuelle. Mais, le Gouvernement Castex a toujours le chéquier de la France ouvert. Suivant le propos attribué à Français Hollande, « ça ne coûte rien, c’est l’Etat qui paye ». Mais l’Etat, c’est nous et nos enfants !

Avant même la guerre en Ukraine et les sanctions décidées contre la Russie, l’inflation était déjà de retour (qui implique l’augmentation des taux et de la charge de la dette), ainsi que la hausse des prix des matières premières et de l’énergie.

Emmanuel Macron, pas plus que ses prédécesseurs, n’a réussi à conjuguer Etat-providence et richesse nationale. C’est pourtant possible, comme en attestent les pays scandinaves, ceci dit en précisant que même la crise sanitaire n’a pas atteint leur fonctionnement.

 

Richesse nationale par habitant

France, 23e pays en richesse par habitant (FMI) : 39 030 € par habitant.

Dans les années 80, elle était le 11e pays (Banque mondiale).

2021 : 1/3 des six points de croissance de la richesse nationale vient de la hausse de la dépense de fonctionnement des administrations publiques

Sources : FMI, Banque mondiale

 

Dette publique :

France aujourd’hui = 2 950 milliards euros de dette publique, soit 114% du PIB et 44 000 € par Français.

La dette a augmenté de 700 milliards avec Emmanuel Macron, et ce n’est pas du fait de la crise sanitaire : les autres Etats européens, qui ont traversé la même crise sanitaire, sont très loin d’une telle augmentation de leur dette.

49,5% de la dette publique française négociable est détenue par des non-résidents, dont la moitié hors de la zone euro.

Source : Agnès Verdier-Molinié, Editions de l’Observatoire, Paris 2022

 

Déficit public :

Le déficit public de la France a dépassé les 8% en 2020 et 2021, versus moins de 5% pour l’Allemagne, le Danemark, la Suède, les Pays-Bas… (à lui tout seul, le déficit structurel de la France, en 2021, est de 6,8% du PIB : il a encore augmenté cette année-là).

Si en 2021, la croissance a été de 6,25%, elle est en réalité fondée pour un tiers sur les dépenses des administration publiques !

Source : Haut conseil des finances publiques

 

Dépenses publiques :

La France est le pays qui dépense le plus d’argent public et cela n’est pas dû à la crise sanitaire : c’était déjà le cas en 2018 (+ 17,1 milliards par rapport à 2017) et en 2019 (+34,2 milliards par rapport à 2018), dont seulement 3% environ de dépenses d’investissement. Quant au fameux « grand plan de 30 milliards », « seuls dix n’étaient pas déjà dans les tuyaux budgétaires. »

Source : « Le vrai état de la France », Agnès Verdier-Molinié

 

Impôts directs des ménages

Les impôts directs des ménages ont augmenté de 25 milliards d’euros entre 2017 et 2019, soit de 12,5 milliards/an (entre 2010 et 2017, l’augmentation était en moyenne de 9 milliards/an).

Les impôts directs ont augmenté plus vite que le revenu brut disponible des ménages (ils ont augmenté davantage pour les ménages à hauts revenus, y compris pour ceux concernés par le passage de l’ISF à l’IFI).

Source : Fondation iFRAP

 

Balance commerciale en 2020

France : – 82 milliards d’euros (+ 183 milliards d’euros pour l’Allemagne)

Source : Insee

 

Industrie

2021 : 3,1 millions d’emplois

2017 : 3,2 millions d’emplois

1980 : 5,5 millions d’emplois

La part de la valeur ajoutée de l’industrie française représente moins de la moitié de celle de l’Allemagne.

Depuis la crise, l’emploi a rebondi dans tous les secteurs, sauf l’industrie.

« L’accélération récente de cette désindustrialisation (début des années 2000) n’est pas partagée avec les autres pays d’Europe, elle est le fait de notre perte de compétitivité liée au coût du travail et à la cascade fiscale qui pèse sur nos entreprises »

Source : Insee et « Le vrai état de la France », Agnès Verdier-Molinié, Editions de l’Observatoire Paris, 2022

 

Emploi

Chômage, halo du chômage (= chômage non comptabilisé par Pôle Emploi : personnes en formation…) et sous-emploi de 2003 à 2021

Champ : France hors Mayotte, personnes de 15 à 64 ans, données en % – Source : Insee

 

Création d’entreprises :

996 217 créations en 2021… mais ce sont toutes des entreprises de livraison et des auto-entrepreneurs. Ce deuxième cas, en particulier, correspond à des non créations d’emplois (ce sont des personnes qui ont quitté, volontairement ou non, leur entreprise et créent leur propre emploi).

Source : Insee

 

Pauvreté :

Le seuil de pauvreté est fixé par convention à 60 % du niveau de vie médian de la population. Il correspond à un revenu disponible de 1 102 euros par mois pour une personne vivant seule et de 2 314 euros pour un couple avec deux enfants âgés de moins de 14 ans.

En 2019, en France métropolitaine, 9,2 millions de personnes vivent sous le seuil de pauvreté, soit 14,6 % de la population. Cet indicateur n’inclut pas les personnes pauvres vivant en communauté ou dans les DOM, qui conduiraient à rehausser le nombre de personnes pauvres à 10,1 millions en 2018

Source : OCDE et Insee

 

Investissements étrangers

La France est la 1e par le nombre de projets (baromètre annuel de l’attractivité de la France), mais la 8e en montant des investissements étrangers (CNUCED) et la 4e par le nombre d’emplois créé, loin derrière l’Allemagne, l’Espagne et le RU.

Entre 2019 et 2020, la France est le pays qui connaît la plus forte baisse en Europe : – 18% pour la France, – 12% pour le RU, -4% pour l’Allemagne.

Quant à la balance en matière d’investissements directs étrangers, elle est largement négative :

  • Les investissements directs en provenance de l’étranger en France sont de 21 milliards d’euros par an en moyenne depuis 20 ans.
  • Les investissements français à l’étranger sont d’environ 50 milliards d’euros par an sur la même période.

 

Source : Agnès Verdier-Molinié, « Le vrai état de la France », Paris, 2022, Editions de l’Observatoire

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